Turquie : une hausse spectaculaire des IDE en 2021



19-01-2022

Turquie : une hausse spectaculaire des IDE en 2021


Retrouvez l'interview de notre CEO İlker Onur pour le magazine Classe Export (article en ligne, 18/01/2021).


L’emplacement stratégique de la Turquie offre une connectivité mondiale pour les firmes internationales. L’environnement juridique favorable aux investisseurs conjugué à son industrie à forte valeur ajoutée, font de la Turquie un pays attractif et compétitif sur la scène internationale.


Au 3ème trimestre 2021, la Turquie se positionnait au troisième rang du classement mondial en termes de croissance, derrière l’Argentine et l’Inde. Le taux de croissance de son PIB se situe autour de 8 à 10%, l’un des meilleurs du monde. Le pays a su rebondir après la pandémie mondiale et faire preuve de résilience. La Turquie avait déjà démontré sa solidité au cœur de la crise sanitaire en 2020, en étant avec la Chine, le seul pays du G20 à ne pas avoir été en récession. Elle a même su en tirer parti en s’imposant comme fournisseur de premier plan grâce à son emplacement stratégique et ses capacités de production. La Turquie s’impose bel et bien comme un acteur incontournable sur la scène internationale.


La Turquie : terre de sourcing privilégiée pour les entreprises européennes

En 2020, le commerce extérieur de la Turquie représentait 54% du PIB. L’épidémie a été un accélérateur à ce niveau et a mis en exergue la dimension vitale de l’industrie logistique et des chaines d’approvisionnement.

« Les perturbations provoquées par l’isolement de la Chine a obligé le monde des affaires à rechercher des sources alternatives pour augmenter la flexibilité et la résilience de la chaîne d’approvisionnement. La Turquie s’est démarquée comme fournisseur de premier plan notamment grâce à son emplacement stratégique et ses capacités de production » précise Ilker Onur, fondateur d’Advantis Conseils Turquie.

Depuis 2003, Advantis Conseils Turquie apporte des solutions opérationnelles pour sécuriser et pérenniser la croissance des entreprises sur le sol turc. La société prend en main directement les opérations de prospection et de développement commercial & industriel sur le terrain. Depuis le Covid et les restrictions de déplacement, l’externalisation du sourcing et de la force commerciale supplétive avec le portage salarial sont des prestations très sollicitées et cela devrait se poursuivre tant la Turquie attire de plus en plus les investisseurs étrangers.


Un partenaire commercial stratégique au carrefour de l’Europe et l’Asie

En effet, la quantité de marchandises manutentionnées dans les ports turcs a augmenté pendant le pic de la pandémie en passant de 497 millions de tonnes contre 484 millions de tonnes l’année précédente. Une augmentation significative, sachant que le commerce extérieur de la Turquie se fait à 85%-90% par le biais maritime. Et la tendance devrait se confirmer voire se renforcer en 2022 car le pays voit s’installer de nouvelles unités de production sur son territoire. A l’instar de Hugo Boss qui a décidé d’investir 10 millions d’euros pour y augmenter ses capacités de production. Ou encore Lacoste qui, déjà présent en Turquie dans le textile, a choisi de fabriquer ses gammes de chaussures en Turquie. Le géant suédois de l’ameublement, Ikéa, a aussi décidé de délocaliser davantage sa production en Turquie, actuellement expédiée depuis l’Asie de l’Est. Pour Ilker Onur, plusieurs facteurs stratégiques expliquent cette tendance. C’est d’abord une proximité aux marchés européens. Il s’agit du premier marché export de la Turquie. Le pays dispose aussi d’une supply chain organisée en matières premières, de délais d’expédition courts (3 jours en moyenne), de coûts de transport avantageux et d’un accès préférentiel à l’Europe en termes de douane grâce à l’Union douanière avec l’UE. Car même si les coûts de production en Turquie sont plus élevés que ceux exercés en Asie de l’Est, ils sont compensés par des prix de transport plus avantageux.

Ainsi, la Turquie séduit davantage les investisseurs étrangers qui y voient de plus en plus un marché alternatif à la Chine dans un contexte de diversification des modes d’approvisionnement liés à l’épidémie.


Equipements médicaux, produits chimiques et matières plastiques ont la part belle des importations turques

Entre 12 et 15% des exportations de la Turquie se réalisent dans le secteur automobile. Le pays est le quatrième fabricant d’Europe et le quatorzième mondial. Les trois quarts de sa production automobile sont exportés avec pour principale destination l’Europe.

À l’inverse, l’énergie est le principal poste d’importation de la Turquie et la Russie son fournisseur privilégié. « Les 50 milliards de mètres cubes de gaz consommés en Turquie chaque année sont presque entièrement importés de Russie » confie Ilker Onur.

L’Europe de l’Ouest en revanche a son rôle à jouer dans les autres secteurs. Les matières plastiques, les produits chimiques et les produits pharmaceutiques constituent les autres postes majeurs à l’importation.

« En matière de santé, la Turquie dépend beaucoup des dispositifs médicaux. Environ 80% des équipements médicaux sont importés ce qui représente environ 2 milliards de dollars de facture chaque année. Le pays fabrique beaucoup de matière médicale mais à faible valeur ajoutée (seringues, gants, masques…) et reste tributaire des connaissances et du savoir-faire techniques étrangers » continue le fondateur d’Advantis Consulting Turquie.

L’emplacement stratégique de la Turquie à la charnière de deux continents, et l’évolution du système fiscal incitant à l’investissement, font ainsi de la Turquie le septième pays à accueillir le plus grand nombre de projets d’IDE parmi les pays européens en 2020. Un rapport publié par Ernst & Young en 2021 révélait également que la Turquie était devenue le second lieu d’investissement préféré des industries chimie, plasturgie et caoutchouc en 2020.


2022 : le défi de la Turquie face à la spirale inflationniste

Aujourd’hui, le défi principal du pays est sa politique monétaire et la gestion de la spirale inflationniste. L’inflation a atteint 36% d’augmentation sur l’année 2021. Mais certains économistes s’attendent à ce que l’inflation grimpe davantage encore en 2022, en raison de la flambée des prix des importations et de la hausse du salaire minimum (le SMIC a été revalorisé de 50,4% au 1er janvier 2022).

À l’inverse, la dépréciation de la livre turque a aussi eu le mérite de doper les échanges commerciaux et favorisé les investissements des sociétés étrangères. Une tendance qui devrait se confirmer en 2022, avec une prévision de croissance autour de 3,3% estime l’OCDE.