27-10-2023
La Turquie a testé avec succès, au début du mois octobre (probablement le 8), une attaque en essaim (Swarm Attack) de drones navals sur une cible en mer. Cet essai s’est déroulé au large de Mersin (côte Sud de la Mer Méditerranée). Il serait, selon les autorités turques, une première mondiale puisque l’identification de la cible et le guidage des drones navals ont été effectués par un drone aérien.
Conformément au scénario du SINKEX (Sinking Exercise) de cette opération conjointe drones navals – drone aérien (Joint USV-UAV Operation), 8 drones navals ALBATROS-S, dont un porteur d’une charge militaire, et un drone aérien BAYRAKTAR TB2 de la Marine turque avaient pour mission de détruire un bateau-cible préalablement dépollué afin d’éviter toute atteinte à l’environnement. La cible, d’une longueur de 22 mètres, a coulé quelques minutes après l’impact du drone naval « kamikaze », les autres drones navals s’étant écartés avant l’explosion.
Initié et coordonné par la Présidence turque de l’industrie de défense (SSB), le Projet « Swarm USV » a été confié à ASELSAN qui assure à la fois la maîtrise d’œuvre du projet et le développement du drone ALBATROS-S. Les deux autres sociétés partenaires des essais sont BAYKAR, qui construit le drone BAYRAKTAR TB2, et ROKETSAN qui a fourni la charge militaire du drone naval.
La première phase du projet s’est achevée en août 2021 après une première démonstration qui impliquait 4 drones ALBATROS-S. Une autre démonstration s’est déroulée le 19 juin 2022, en Mer de Marmara, avec une participation de drones navals de différents types dont le MİR, développé conjointement par ASELSAN et SEFİNE. La capacité d’évolution en essaim de 8 drones de l’ ALBATROS-S a, quant à elle, été présentée aux autorités de la SSB en février 2023.
D’une longueur de 7,20 mètres, pesant 1,955 tonne dont 250 kg de charge utile, l’ALBATROS-S peut atteindre, avec son moteur diesel, une vitesse supérieure à 40 nœuds pour un rayon d’action de 200 nautiques. En dehors de la destruction de cibles, il est capable d’effectuer des missions de recherche et sauvetage, de détection et d’escorte. Doté d’une architecture de système multi-communications avec capacités LOS et NLOS, il doit être capable d’évoluer dans un environnement dégradé sans guidage par satellite. Son autonomie annoncée est d’environ 10 heures.
Article rédigé par Patrice Moyeuvre, Officier Général en 2s de l'Armée de l'air et de l'espace française, chercheur à l'IRIS et Directeur des projets de défense et de sécurité au sein d'Advantis.